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Ces campagnes qu’on assassine

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Maire d'une commune de 320 habitants en Auvergne, Christophe de Contenson ne supporte plus de voir se vider de leurs commerces les villages. "Pour que la ruralité vive, écrit-il, il faut adapter et revoir sa fiscalité. Il ne suffit pas d’exonérer d’impôts sur le bénéfice pendant cinq ans des entreprises qui n’en font pas. C’est un dangereux piège, un mirage qui en a trompé plus d’un." Et d'expliquer : "Si Paris valait bien une messe, la ruralité mérite sa révolution !"

Les uns après les autres, ils se sont attelés à reprendre le café du village et bien qu’avertis de la difficulté, ils y ont mis tout leur cœur, leur talent et leurs économies. Certains sont parfois venus de loin, laissant derrière eux familles et amis mais, comme les marins par les sirènes, les papillons par la lumière, ils se sont laissés endormir par le charme envoûtant de la ruralité. Drôle de territoire, en effet, où une fois les premières étreintes passées on prend vite conscience de la difficulté de s’implanter, surtout si l’on vient d’ailleurs. Chacun leur tour, sur une période de six ans, ils se sont retrouvés, le printemps venu, fort dépourvus. Le RSI était passé par là, puis la SACEM, ERDF et cette sacrée conjoncture qui fait qu’aujourd’hui il n’est pas un bar-restaurant de petite commune qui puisse honorablement générer les revenus nécessaires à son fonctionnement. Ainsi va la vie, mais que de destins brisés, de rêves envolés.

Sur les dernières années écoulées, la baisse de fréquentation des hôtels et restaurants dans notre département a été évaluée à une fourchette allant de 15 à 25 % et le panier du déjeuner des ouvriers  passé de 12 € à 9 €. Sur plus de vingt repreneurs, dix-huit ont déjà mis la clef sous la porte en deux ans. Même les artisans, premiers pourvoyeurs d’emplois et supporteurs des commerces de proximité ne peuvent plus accompagner ces Don Quichotte de la restauration. Ils sont assommés par le montant faramineux des charges sociales qu’ils doivent régler chaque mois. Alors pendant qu’ici les gens souffrent et ces entrepreneurs se demandent si demain ils ne vont pas mettre la clef sous la porte ou licencier leur personnel pour sous-traiter avec des entreprises étrangères, à Paris on nous parle d’interdire le Nutella pour cause de déforestation et d’un monde où travailler 32 heures par semaine serait l’idéal ! Ô folie ! Tous les gouvernements ont compté leur lot de ministres incompétents ou idéologues mais il semble qu’aujourd’hui le point de non-retour soit atteint et la digue de toute raison définitivement brisée.

Certes il faut réformer, repenser les territoires mais, pour que la ruralité vive, il faut aussi adapter et revoir sa fiscalité. Il ne suffit pas d’exonérer d’impôts sur le bénéfice pendant cinq ans des entreprises qui n’en font pas. C’est un dangereux piège, un mirage qui en a trompé plus d’un. Entreprendre en milieu rural est plus qu’un sacerdoce. C’est un sacrifice, un rapport presque masochiste à la vie tant il faut parcourir de kilomètres pour trouver des marchés, baisser ses marges pour rester compétitif ou s’adapter au faible pouvoir d’achat de la population. La France et sa campagne meurent étouffées par les impôts et le nombre invraisemblable de taxes que l’Etat a mis en place depuis des décennies. On peut en dénombrer plus de 250. Oublions alors nos rêves de grandeurs et de jeux divers qu’ils fussent olympiques ou non, car le vrai défi n’est pas là pour construire un pays fort.

Pour tout élu concerné, qu’il soit national ou local, une des premières préoccupations à avoir doit être de comprendre comment consolider le socle humain et économique que représentent nos territoires. Céder aux mirages de la métropolisation à tout prix serait irresponsable et condamnerait l’avenir de bien des générations de Français. Pour réussir cet incroyable pari il faut donc changer de disque dur, casser nos référents, repenser nos schémas d’investissement et de développement. En quelques mots : être moderne et visionnaire. Si Paris valait bien une messe, la ruralité mérite sa révolution. Il est temps de la faire.

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