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De quoi rêve encore le Medef ?

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A partir de ce mercredi se déroule l’université du Medef. Après le CICE et le pacte de responsabilité, ses membres rêvent d’un nouveau joli cadeau : une "simplification" du code du travail qui leur permettrait par exemple de négocier directement avec leurs salariés dans leurs entreprises. A l’étranger, certains s’y sont déjà essayés…

A défaut de leur offrir des emplois ou des postes d’apprentissage en nombre suffisant, les dirigeants du syndicat patronal veulent convaincre les jeunes et leurs parents qu’il faut « simplifier » un code du travail trop favorable aux insiders.

Les entreprises sont loin d’avoir créé ce million d’emplois promis fin 2013 par le Medef, mais Pierre Gattaz, son tenace président, ne lâche donc pas l’affaire. Convoquée pour célébrer « une formidable jeunesse » dramatiquement sous-employée en France et en Europe, l’université d’été du syndicat des patrons se posera à Jouy-en-Josas de graves questions : « Les jeunes sont-ils prêts à accepter un déclassement pour mieux rebondir ? », « Comment faire sauter les verrous ? », « La flexibilité est-elle la panacée ? » Des débats qui culmineront jeudi sur le thème « Esprit d’entreprise es-tu là ? » au cours duquel jouteront Mattew Hancok le ministre britannique de la Réforme… et Emmanuel Macron notre ministre de l’Economie. Voilà qui promet.

Sur le fond, après avoir obtenu 40 milliards de baisses de charges via le CICE et le pacte de responsabilité — un bol d’air qui a déjà fait remonter leurs marges de deux points —, les chefs d’entreprise caressent un nouvel espoir :  obtenir de Bercy et de la rue de Grenelle une « simplification » donc du code du travail qui leur permettrait notamment de négocier directement avec leurs salariés dans leurs entreprises, sans être « corsetés » par des accords nationaux ou de lourds engagements de branche. Un sujet sur lequel Pierre Gattaz a déjà l’oreille de Manuel Valls. Dans une tribune publiée hier dans les Echos, le Premier ministre a en effet affirmé attendre beaucoup des propositions « audacieuses » que lui remettra sous peu Jean-Denis Combrexelle, ancien directeur général du Travail. Notamment celles dont « l’objectif » consiste à « laisser plus de liberté aux entreprises et aux salariés pour prendre les décisions les mieux adaptées pour eux ».

Du nirvana entrepreneurial à l'enfer syndical...

Pour les salariés, de quoi s’agit il concrètement ? Une étude très complète, intitulée « Dynamiser massivement le marché du travail en France pour créer des emplois » publiée en 2014 par le cabinet McKinsey & Company, révèle sans fard l’objectif premier de toute « décentralisation » du dialogue social : doter les entreprises d’un levier puissant (la négociation de terrain) leur permettant d’éviter tout « dérapage » salarial.

Ces auteurs citent donc en exemple l’Europe du Nord et le Danemark tout particulièrement, qui ont adopté il y a vingt ans ce type de réforme. Ainsi au début des années 90, au royaume de la social-démocratie viking, de puissants syndicats négociaient annuellement de façon centralisée pour 75% d’adhérents salariés. Dix ans plus tard, après l’adoption d’un dispositif « plus souple » fixant les salaires au niveau local, 85% des contrats de travail danois sont régis par des négociations annuelles individualisées, encadrées par des seuils minimum d’augmentation. Résultat ? La dispersion des rémunérations a augmenté tout particulièrement aux échelons élevés et intermédiaires des entreprises. Quand dans le même temps, en dépit d’un fort recul du chômage, le salaire réel moyen danois ne s’est élevé entre 1993 et 2001 que d’un modeste 1,9%... Un nirvana entrepreneurial qui se traduisait rapidement en sanction pour les syndicats. En 2013, leur représentativité s’est effritée à 66% de salariés adhérents. Sachant qu’en France, le taux de syndicalisation plafonne selon l’OCDE à 7%, on a du souci à se faire rue de Belleville, porte de Montreuil et avenue du Maine…

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