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La Grèce contrainte d'augmenter le prix des préservatifs

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Epidémie de VIH et d'austérité. En dépit d’un inquiétant pic de contaminations au sida depuis 2010, la Grèce a augmenté ce lundi le prix des préservatifs dans ses pharmacies. Cette mesure, exigée par les créanciers, frappera — c’est devenu une habitude — les populations les plus démunies.

La victime collatérale de l’austérité, c’est la santé. Alors qu’une nouvelle semaine de crise débute en Grèce, le petit catalogue des horreurs de la Troïka commence à entrer en vigueur, avec le risque d’aggraver la crise sanitaire qui frappe déjà le pays. Deux mesures importantes ont rythmé cette journée du lundi 20 juillet : les banques grecques ont réouvert leurs guichets et la TVA a augmenté de 10 points sur une série de biens et services, passant de 13% à 23%. Exigée par les créanciers, cette hausse concerne la restauration et les produits non-périssables. Et touche, notamment, les préservatifs.

Désormais, les pharmacies et les magasins grecs vendront donc leurs préservatifs plus chers. Une disposition effarante alors que le nombre de porteurs du VIH a augmenté de façon spectaculaire depuis 2010. Sur l’année 2011, il a doublé chez nos voisins hellènes. En 2012, la population atteinte par le virus était deux fois plus élevée en Grèce (+22%) que dans le reste du territoire européen. Trois fois plus qu’en Allemagne.

Un graphique réalisé par Buzzfeed, début juillet, illustre l’explosion de la contagion sur le territoire. Les contaminations auraient néanmoins légèrement diminué en 2014 : 

Moyen le plus sûr pour parer les infections virales et bloquer les contagions par rétrovirus, le préservatif s’éloigne des portefeuilles des plus modestes. Triviale corrélation économique qui n'aurait pas dû échapper à nos chers technocrates européens : quand les prix d'un bien augmentent, les gens en achètent moins. Cette privation heurte les franges de la population les plus démunies, évidemment déjà les plus atteintes. Prostituées et consommateurs de drogue (+60% en contaminés en trois ans), notamment à Athènes, ont été les premiers touchés par la cure de rigueur.

Dépistages forcés, séropositifs en quarantaine

En Grèce, beaucoup n’osent déjà même plus se faire dépister. Depuis juillet 2013, une réglementation liberticide frappe en effet les personnes séropositives. Abrogée en 2012, puis réintroduite sous l’impulsion du ministre de la Santé Adonis Georgiadis, membre du parti d’extrême droite Laos, le décret 39A a légalisé les dépistages forcés (hépatite, VIH), le fichage des séropositifs, ainsi que leur mise en quarantaine.

Toujours en vigueur, ce décret sanitaire vise les personnes présentant un « danger potentiel à la santé publique » : les autorités ont dans leur collimateur les consommateurs de drogue, les professionnelles du sexe et les migrants, jugés les plus à risque. Pour rappel : au mois d’avril 2012, une action policière écrouait une douzaine de prostituées qui ont été interpellées de façon spectaculaire dans les rues d’Athènes. Désignées comme « bombes sanitaires », elles furent inculpées pour non-protection et transmission volontaire. Faute de preuve, la plupart furent acquittées.

La loi prévoit que les séropositifs qui refusent de se faire traiter peuvent être incarcérées, plongeant les populations concernées dans la peur. Voyant les conséquences de cette loi, Judith Sunderland, membre d’Human Right Watch, déclarait à l’époque : « Cette régulation viole les droits de l’homme et stigmatise les populations vulnérables. Mesure qui s’est de plus déjà illustré par son effet contre-productif à protéger la santé publique ». La taxation supplémentaire des préservatifs ne peut que faire empirer la situation.

Le 9 juillet dernier, le juge européen épinglait l’hôpital de la prison de Korydallos pour les conditions dans lesquelles sont détenus ses patients séropositifs. Rapportant que les conditions d’enfermement violent le droit de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

L’austérité aggrave la crise sanitaire

La responsabilité de cette crise sanitaire en Grèce incombe largement à l’austérité infligée depuis 2008 dans l’économie hellène. En contrepartie du renflouement des banques, l’exécutif avait déjà accepté de diminuer drastiquement ses dépenses en matière de santé. Beaucoup de patients malades, aujourd’hui, payent les frais de médicaments de leur poche. Malgré un chômage atteignant les 25%, les Grecs perdent toute leur couverture santé au bout de deux années de chômage. Deux millions de personnes auraient ainsi été privés de leur accès aux soins. En 2012, un sondage pointait que la moitié des personnes sous traitements médicamenteux diminuent ou arrêtent les prises pour raisons financières, permettant d'attester d'une nette corrélation entre les politiques de rigueur et la dégradation de la santé publique…

Pour sa part, l’industrie pharmaceutique rapporte avoir réduit son approvisionnement en Grèce en raison des courtes marges qu’elle y réalise et des factures impayées. Du fait de cette rareté des produits, un marché noir du médicament se développe, faisant grimper les prix des médications en flèche. Rappelons que ce nouveau wagon de mesures d'austérité n’est que le premier d'un long convoi.

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