La vacance des vacances

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Le soleil est au rendez-vous, la mer est bleue, et chacun se prélasse dans l'illusion médiatique que tout le monde profite des vacances alors qu'un français sur deux passe ses vacances à domicile.

La période des vacances racontée par la presse, c'est la France vue par des gens qui en prennent (des vacances) et qui oublient que d'autres partent de moins en moins loin, de moins en moins longtemps, voire ne partent pas du tout. A la télé, l'actualité estivale se réduit au suivi de l'évolution des bouchons sur les routes, à la météo des plages, aux conseils des secouristes, aux interviews des commerçants, aux impressions des vacanciers et, bien sûr, au bilan des «experts» du tourisme, aussi optimistes que l'était le ministre de l'Emploi, François Rebsamen, à propos du chômage, avant qu'il ne se décide à reprendre du service comme maire de Dijon, où l'avenir est moins bouché qu'à Pôle emploi. Bref, tout va bien. Le soleil est au rendez-vous, la mer est bleue, et chacun se prélasse sur une chaise longue dans son lieu de vacances préféré. Le hic, c'est que le moment de détente fond comme une glace en plein soleil.

Le Parisien relève sans rire « un phénomène d'une ampleur exceptionnel cette année : le boom des courts séjours d'une semaine ». Mais si les vacances se réduisent, c'est parce que les budgets des familles en font autant, avec pour conséquence moins de départs à l'étranger et davantage de brefs déplacements, souvent limités à un aller-retour de quelques jours. C'est le temps des vacances low cost, synonyme d'excursions fugaces, pas très éloignées du lieu d'habitation et peu onéreuses. Selon les professionnels, pour la majorité des Français qui ont la chance de boucler leurs valises, le budget est de 500 € par semaine. A ce tarif, il vaut mieux chercher un camping, ou un accueil familial, qu'un Relais&Châteaux.

Et puis il y a tous ceux qui passent leurs vacances à domicile, faute de mieux, ce qui est le cas de près d'un Français sur deux. Ces exclus des congés se concentrent dans les cités populaires frappées par une crise qui ne ferme jamais boutique, où ils sont conviés à regarder les vacances des autres sur le petit écran. On leur dédiera ce moment d'anthologie signé du sociologue Jean Viard dans le Parisien : « Même s'ils partent moins longtemps de chez eux, les Français ne se privent pas. Ils s'offrent beaucoup de moments de vacances, où qu'ils soient, dès que possible. » Comme les pauvres, l'indécence ne prend pas de vacances.

 

 

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