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Le Sénat bataille sur le retour de la République à l’école

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"Faire revenir la République à l’école", c'est l'ambition d'un rapport sorti, ce mercredi, des rotatives du Sénat. Au menu : en finir, pêle-mêle, avec la désacralisation de l’école, l'autorité bafouée, les "revendications identitaires", les théories du complot, le "bruit numérique", etc. Sauf que ce texte a créé de sérieuses dissensions parmi les sénateurs et n'a finalement été voté que par la droite...

Il y eut les théories du complot après le 11-Septembre, puis l’insoumission du fan club de Mohamed Merah, et enfin les entorses à la minute de silence suite aux attentats de janvier 2015. Les mouvements de contestation de la République et de ses valeurs par de jeunes élèves sèment le trouble dans les écoles, depuis de longues années maintenant. Le législateur ne pouvait continuer à fermer les yeux. Ce mercredi 8 juillet, à la fin d’un embargo parlementaire de six jours, la sénatrice Françoise Laborde (PRG) et le rapporteur Jacques Grosperrin (Les Républicains) ont dévoilé à la presse, rue de Vaugirard, leur rapport sur le sujet sous le titre : « Faire revenir la République à l’école ». Très attendu, le texte a été rédigé par les membres de la commission d'enquête « sur le fonctionnement du service public de l’éducation, sur la perte de repères républicains que révèle la vie dans les établissements scolaires et sur les difficultés rencontrées par les enseignants dans l’exercice de leur profession ». Un intitulé sans fin pour un texte qui a une double ambition : pallier le « rejet des valeurs de l’école républicaine » et ledit « syndrome du couvercle » des chefs d’établissements qui tairaient certains événements, certains comportements, comme on le murmure à la conférence de presse de présentation du texte.

Remédier aux « revendications identitaires »

Cent soixante-dix intervenants, 45 heures d’audition et 5 mois de commission d’enquête sénatoriale ont permis d’accoucher des 20 propositions contenues dans ce rapport qui trouve ses racines dans deux précédents textes : le rapport Obin de 2004, trop longtemps ignoré, sur « les signes et manifestations d'appartenance religieuse dans les établissements scolaires » et la loi « Refondation de l’Ecole » de juillet 2013. « Ce rapport ne finira pas comme ramasse-poussière sur l’étagère », promet Françoise Laborde aux journalistes. Pourtant, elle ne l'a pas voté. La présidente de la commission s’est en effet abstenue. Dans leur ensemble, les élus de gauche ont d'ailleurs désavoué ce texte le jugeant, nous dit-on, « ringard ». Finalement, ce rapport aura été adopté grâce aux voix de la droite. Ses lecteurs jugeront peut-être qu'il porte un peu trop la marque de l'ex-UMP. Une chose est sûre : s'il a le mérite de ne pas fuir le sujet, il verse parfois dans la plus pure incantation.

Dans la partie consacrée au diagnostic, le texte prend en tout cas soin de ne citer aucune religion. Le rapporteur ex-UMP du texte, lui, évoque néanmoins « un déni de nationalité de la part de jeunes Français d’origine cultuelle différente ». Comprenne qui pourra... « Dans toutes les académies sont signalés des refus d’assister à certains cours », rapporte la note de synthèse, qui déplore tour à tour des « revendications identitaires au travers de tenues vestimentaires à connotation clairement religieuse », des « comportements sexistes », des « propos racistes », etc.

L’école aurait donc « failli quelque part », nous dit-on. Et pour contrer cette « faillite », rétablir l'autorité, « il faut redonner du crédit à la parole de l’enseignant, souvent conspuée et concurrencée par le relativisme, le bruit numérique, les théories du complot », estime encore M. Grosperrin. Héritier de cette vision, le second volet du rapport recommande l’interdiction d’affecter « en zone difficile » des enseignants débutants, sauf exception, ainsi que des formations à l’enseignement civique. « Les enseignants sont d’abord des fonctionnaires de l’Etat », tranche Jacques Grosperrin, qui veut en faire de réelles courroies de transmissions des valeurs. Le rapport prévoit également la création d’établissements spécialisés pour « les élèves les plus perturbateurs ». Quitte à renforcer « l'endogamie ».

Créer un « sentiment d’appartenance »

Le rapport appelle aussi à construire à l’école un « sentiment d’appartenance » passant par un recentrage du programme d’histoire sur un « récit national », par l’exposition des emblèmes de la République et par le « rappel des valeurs citoyennes ». La mesure la plus surprenante — et il faut bien le dire la plus surannée — requiert le « port d’une tenue d’établissement » dont les attributs seront décidés par le chef d’établissement. « Tenue d'établissement » voilà une belle expression euphémistique pour ne pas trop réveiller le souvenir austère de l’uniforme. L’objectif affiché est d’éviter le prosélytisme. « Cela réduira aussi le diktat des marques chez les familles les plus défavorisées », philosophe le sénateur LR Jean-Claude Carle.

Toutefois, le point phare du texte gravite — il faut au moins le saluer — autour de l’enseignement du français, condition sine qua non de la réussite scolaire. Au programme : apprentissage renforcé du français et « évaluation » à la fin du CE2 et du CM2. Maîtriser le français sanctionnera l’entrée au collège. L’on ignore cependant où sont censé atterrir ceux qui échouent à l’examen. Sont également à l’étude quelques dispositifs, comme l’interdiction des tablettes au primaire, des systèmes de brouillage des téléphones portables dans l'enceinte scolaire, ainsi que des « systèmes de remontée directe des incidents jusqu’au ministère ».

Un texte et des dissensions

Il est clair qu'il y a eu et existe encore autour de ce texte d’importantes dissensions. Françoise Laborde ne s'en cache pas : « Le rapporteur est de droite, il faut quand même le dire. On fait de la politique », analyse-t-elle. « J’ai regretté que le rapport tel qu’il a été rédigé hypertrophie ou hypotrophie certaines préconisations et passages d’audiences », glisse-t-elle en fin de séance, avouant qu’elle l’aurait écrit « différemment ». Elle apprécie guère notamment la mesure préconisant le « port d’une tenue d’établissement » : « Ça fait un peu école militaire, voire école de redressement ». Elle n'est pas seule sur cette ligne puisque dans un mail, la sénatrice écologiste Marie-Christine Blandin, membre de la commission, s'est irritée de ce que « le rapport met en scène des propositions rétrogrades. » Laborde annonce, quant à elle, qu'elle assurera « le service après-vente » de ce texte en mettant « l’accent sur la maîtrise de la langue, l’enseignement de la laïcité, la formation des enseignants et les ESPE (qui ont pris la suite des IUFM, ndrl». De toutes façons, pour l'instant, ce rapport ne trouvera pas de traduction dans la loi...

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