Les murs de la honte

Taille de la police: Decrease font Enlarge font

Il n'y a jamais eu autant de murs dans le monde. Le rideau de fer new-look est devenu le must des relations internationales. La fin de la guerre froide n'a débouché en rien sur l'Eden annoncé par des esprits dopés à l'illusion lyrique.

Il y a cinquante-quatre ans commençait la construction du mur de Berlin. Quand il s'effondra, en novembre 1989, on annonça l'avènement d'un monde ouvert et fraternel — un monde où les hommes pourraient circuler librement, enfin débarrassés de l'esprit de la guerre froide. Résultat : il n'y a jamais eu autant de murs dans le monde. En 1989, on en recensait à peine plus d'une dizaine. Aujourd'hui, on dépasse la cinquantaine, soit plus de 8 000 km de murs bâtis en vingt-cinq ans. Il y a les plus anciens, à l'instar des frontières supposées infranchissables entre les deux Corée, ou entre l'Inde et le Bangladesh. Il y a le plus célèbre, qui permet à Israël d'amputer largement des territoires revenant de droit à un Etat Palestinien transformé en confetti. Il y a le plus européen, à Chypre, où la Turquie veille sur son pré carré. Il y a le plus récent, en Hongrie (encore en Europe), à l'initiative d'un gouvernement qui n'a rien trouvé de mieux pour enrayer les mouvements migratoires en provenance de la Serbie voisine. Il y a le plus sablonneux, en voie de construction entre la Tunisie et la Libye, pour protéger la jeune démocratie des incursions djihadistes. Il y a le plus improbable, que l'Ukraine voudrait édifier pour se protéger de la Russie ennemie. Il y a le plus loufoque, proposé par Donald Trump, candidat américain à la primaire républicaine, entre le Mexique et les Etats-Unis, alors qu'il en existe déjà un, allant du golfe du Mexique à l'océan Pacifique.

Bref, le rideau de fer new-look est devenu le must des relations internationales. La fin de la guerre froide n'a débouché en rien sur l'Eden annoncé par des esprits dopés à l'illusion lyrique. Les conflits politiques non réglés, les guerres, les replis ethniques, la montée du djihadisme ont débouché sur une planète où s'érigent des barrières inédites aux effets incertains. Quant à la mondialisation décomplexée et dérégulée, qui devait déboucher sur un monde sans frontières, elle se résume souvent à ce constat sans appel signé Régis Debray : « Les riches vont où ils veulent, à tire-d'aile ; les pauvres vont où ils peuvent, en ramant. » Parfois même en se noyant.

 

 

----------------------------

 

>>> Retrouvez cet éditorial dans le numéro de Marianne en kiosques.

Il est également disponible au format numérique en vous abonnant ou via  et Android app on Google Play

 

 

Ajouter à: Add to your del.icio.us del.icio.us | Digg this story Digg


Comparateur mutuelle santé prévoyance

Devis mutuelle santé 100% gratuit et sans engagement.
Remplissez une seule demande pour comparer les tarifs, les garanties et les niveaux de remboursements des meilleures mutuelles santé du marché et économiser jusqu'à 300 euros par an.