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Pour leurs gadgets, les partis politiques aiment peu le "made in France"

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Casquettes PS, briquets FN, badges MoDem... Une enquête de la Fédération indépendante du made in France passe en revue les produits dérivés qui peuplent les boutiques des partis politiques et révèle qu'ils sont, pour la majorité, fabriqués dans les ateliers au Maroc, au Vietnam, au Kenya, au Bangladesh, etc. Face à une telle pratique, la FIMIF les incite, à raison, à opter pour le "fabriqué français".

Peut-on tenir un discours crédible sur l'emploi, le chômage, la réindustrialisation et, dans le même temps, ne pas avoir à cœur de faire travailler les entreprises hexagonales ? « L'exemplarité » — dont les politiques nous parlent tant — en matière de « made in France » ne devrait-elle pas commencer par les produits promotionnels de leurs propres partis, ces fameux goodies comme on les nomme désormais ? Les formations politiques ne sont clairement pas très regardantes en matière de fournitures. Dans leurs boutiques, des produits dérivés pimpants siglés du « PS », du « MoDem » ou bien du « FN », s’amoncellent. Le meilleur et le pire du marketing politique qui fera, c'est certain, le plus grand bonheur des militants. Et des trésoriers...

Mais leur aspect trivial nous feraient presque oublier les conditions de fabrication de ces accessoires publicitaires. A la vente sur le site de e-commerce du Front national, les casquettes « Les Jeunes avec Le Pen » sont produites en Chine. Des ateliers kenyans sont responsables des tee-shirts du Parti socialiste. Quant aux « Républicains », déjà épinglés par Marianne pour leurs vêtements « made in Bangladesh », ils fondent le plastique de leurs stylo-billes en Pologne.

Ces résultats calamiteux sont relevés dans un rapport (lire et télécharger ce document ci-dessous) publié ce mercredi 15 juillet par la Fédération indépendante du made in France (FIMIF) qui vient tout juste de voir le jour. Cette association de jeunes entrepreneurs qui entend « se mobiliser sur le made in France » et « faire travailler plus d’ateliers, d’usines et de salariés français », voulait y aller dru. Avec leur enquête qui autopsie les boutiques de huit partis politiques, et celle aussi de l'Assemblée nationale, ils tentent en effet de les inciter autant que possible à s’approvisionner en matériel tricolore. « Pour le moment, c’est le cadet de leur souci, commente Charles Huet, porte-parole de l’organisation, Mais ils sont bien conscients qu’ils doivent faire mieux. »

Des produits ultra « low cost »

Bien que le rapport de la FIMIF comporte quelques failles (la structure est jeune, il faut le rappeler), il pointe bien les travers de nos chers partis. Plus que la négligence, ce sont les réflexes des commerciaux qui sont soulignés, à commencer par leur volonté de « rationnaliser les coûts ». Et les excuses abondent. Ils invoquent des achats « réalisés dans l’urgence », des boutiques « pas stratégiques » et... la complexité à dénicher des fabricants français. En clair, de la provenance, ils s’en tamponnent.

Vu le rythme effréné de la vie politique moderne il serait presque difficile de faire autrement. Lors des campagnes électorales, les commandes ciblent l’ultra low cost afin que les produits coûtent peu et soient réceptionnés promptement. L'ex-UMP, qui a choisi fin mai de revoir sa cosmétique en se rebaptisant « Les Républicains », a ainsi du renouveler illico presto ses stocks. Et qui irait les titiller sur la provenance de bêtes produits dérivés qui n’excitent que les militants ?

Un très timide « made in France »

Mais le diable se niche dans les détails. En l’occurrence, sur les étiquettes. Celles des Jeunes Démocrates révèlent que leurs tee-shirts sont confectionnés au Bangladesh. Cependant, le MoDem a carrément internalisé une partie de la fabrication : les badges du parti sont produits au siège, dans le VIIe arrondissement de Paris. Le Parti radical de gauche (PRG) indique faire venir ses sacoches de Chine. Si le Parti socialiste (PS) conçoit ses drapeaux dans le département de la Drôme (26), il « reconnaît une quasi-inexistence de produits “made in France” parmi la vingtaine d’articles vendus sur [sa] boutique en ligne ». Au congrès de juin, les tee-shirts distribués venaient du Kenya et du Bangladesh. Les stocks sont datés de la dernière campagne présidentielle...

Plus exemplaire, Nouvelle Donne verse dans le « fabriqué français » « pour des raisons aussi bien économiques qu’écologiques ». Les prestataires du FN, des entreprises familiales pour la plupart, importent une partie de leurs produits, mais produisent l’autre en France. Cependant, les mugs, montres, parapluies et coques de téléphones sortent d’usines à l’étranger. Allemagne, Chine, Maroc... la « préférence nationale » n'a donc pas toujours cours.

Des données peu accessibles

Reste que l’enquête est lacunaire. Les auteurs de l’étude ont eu des difficulté à s’informer auprès des partis, pas forcément loquaces. Les cases des tableaux récapitulatifs sont criblées de « Ne sait pas » ou « Aucune réponse reçue ». La transparence n'est donc pas encore de mise dans ce domaine.

Concrètement, « on a eu des factures du MoDem qui ne disaient rien sur l’origine de leurs produits », déplore Charles Huet. L'UDI a même avoué ne pas connaître « l'origine de fabrication » de ses produits dérivés. Pour vérifier les données, la FIMIF est parfois « allé retourner les étiquettes in situ dans les boutiques ».

La production maison peut pourtant avoir des vertus économiques et écologiques. « C’est la manière la plus directe, concrète, paisible, efficace de soutenir l’emploi et de pérenniser l’outil industrie française et de réduire l’empreinte carbone », martèle Charles Huet. Dans ce but, la FIMIF propose une liste, clé en main et ouverte, de 50 producteurs français auxquels s’adresser. Et pouvant fournir nos partis à des prix pas forcément prohibitifs. A transmettre d'urgence à tous les états-majors politiques et, en particulier, au trésorier de l'ex-UMP, Daniel Fasquelle, qui, quand l'équipe de Marianne s'était intéressée à leurs tee-shirts avait répliqué, dans un premier temps, très sûr de lui : « Ils sont bien gentils, mais s'il s'étaient renseignés comme je l'ai fait, ils sauraient que l'on ne fabrique tout simplement plus de tee-shirts en France » !

http://www.marianne.net/sites/default/files/fimif-enquete_0.pdf

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