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Quand la police se trompe de "Terroristes" !

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En ce mois d'août, "Marianne" se replonge dans ses archives estivales. Eté 2005, alors qu'un sommet du G8 doit se tenir en Ecosse, la police écossaise et anglais arrêtaient "préventivement" à tour de bras des altermondialistes pour éviter toutes manifestations trop voyantes. Tragique zèle, le jour même de l'ouverture du sommet, quatre explosions touchent le coeur de Londres faisant 56 morts et 700 blessés.

> > > Article paru dans Marianne daté du 13 août 2005

Il ne faisait pas bon être militant altermondialiste lors du dernier sommet du G8, les 6, 7 et 8 juillet à Gleneagles, en Ecosse. Persuadée de pouvoir débusquer derrière chaque activiste chevelu un terroriste en puissance, la Tayside Police (la police écossaise), appuyée par des forces anglaises venues en renfort pour encadrer les quelque 10 000 altermondialistes du contre-sommet, a opéré en moins de trois jours plus de 700 arrestations aussi préventives que musclées. En effet, les forces de l'ordre n'ont pas hésité à brandir le paragraphe 60 du Criminal Justice And Public Order Act, une loi antiterroriste de 1994 censée autoriser la recherche d'armes, pour contrer ces dangereux militants porteurs de banderoles et de grosses caisses !

L'histoire pourrait prêter à sourire, n'était la monstrueuse concomitance entre ces arrestations arbitraires et les attentats commis à Londres par de véritables terroristes cette fois, alors même que 11000 officiers (6000 Anglais et Gallois et 5000 Ecossais), 200 chiens, 60 chevaux et des hélicoptères Chinook étaient encore massés autour de Gleneagles... Pourtant, pas une once de regret du côté de la Tayside Police. Son porte-parole, John Vine, s'est même réjoui du succès de cette opération: « Ceux qui étaient venus pour enfreindre la loi et qui ont essayé de faire preuve de violence ont été gérés avec rigueur et fermeté. » Et de refuser toute allusion au fait que les argousins, trop occupés à casser de l' « alter » , ont déserté un peu trop massivement les rues londoniennes. « Je n'envisage pas, indique-t-il, qu'un événement de l'importance du sommet du G8 puisse être minimisé au regard de ce qui s'est passé ailleurs. » Pour clouer le bec une bonne fois pour toutes aux mauvais esprits, une page entière du site Internet de la Tayside Police sera même consacrée aux remerciements des citoyens, soulagés par le contrôle exemplaire du contre-sommet.

Même son de cloche du côté du consulat de France à Edimbourg. M. le consul, Pierre Berniard, s'est félicité de la réponse « proportionnée » fournie par les policiers à ces manifestations. Le consul a d'ailleurs une explication imparable : « Ils n'avaient pas tort de se méfier d'un danger terroriste. Les faits leur ont donné raison, non ? » A l'évidence, ils ont confirmé en effet qu'un joueur de samba était un kamikaze potentiel !

Interdit aux "alter" écossais

Toujours encline à garantir la liberté d'expression des pires islamistes de la Terre, la Grande-Bretagne s'est montrée, en revanche, bien moins complaisante face aux critiques de la mondialisation néolibérale. C'est d'ailleurs ce qu'a expérimenté à ses propres dépens le Scottish Socialist Party (SSP), le parti trotskiste écossais. Le Parlement écossais avait voté une motion garantissant le droit de protester contre le sommet du G8 à Gleneagles, mais, quelques jours avant la grand-messe des pays riches, le Premier ministre de la région, Jack McConnell, refusait de garantir ce droit. Furieux, et jouant leur va-tout avant la clôture de la session parlementaire, le 30 juin, quatre des six députés du SSP ont fait vertement connaître leur dépit. Aussitôt suspendus, ils ne pourront siéger durant tout le mois de septembre. Mieux : ni les rebelles, ni leurs attachés parlementaires, ni d'ailleurs aucun de leurs collaborateurs ne toucheront leur solde pendant cette période. Plus fort encore : « Alors qu'une réunion extraordinaire se tenait au Parlement afin de permettre à ces députés de s'expliquer, s'insurge Alister Black, membre du comité international du SSP, aucun d'entre eux n'eut le droit d'y assister, puisqu'ils étaient d'ores et déjà suspendus ! »

Au vrai, il n'avait pas de quoi casser trois pattes à un canard, ce contre-sommet, déserté par la majeure partie des stars. Côté français, ni Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR, ni Christophe Aguiton, d'Attac, fatigués par la campagne pour le non au référendum sur la constitution européenne, ne s'étaient déplacés. Seule la très institutionnelle et très blairiste manifestation organisée le 2 juillet à Edimbourg, Make Poverty History, était parvenue à réunir 225 000 personnes et quelques personnalités, comme la vice-présidente d'Attac, Susan George. Les autres manifestations n'ont jamais pu rassembler plus de 10 000 personnes. Soit l'équivalent des effectifs des forces de l'ordre...

Onze heures dans un fourgon

Pourtant, le 4 juillet, à Edimbourg, le Car-nival Of Full Enjoyment, joyeux rassemblement de batucada (des fanfares de samba) et de clowns revendicatifs, fut l'occasion d'une sévère et sans doute inutile répression. Deux cents militants, en effet, ont été coincés pendant près de six heures dans la ruelle de Canning Street. Se réclamant de la loi antiterroriste, les policiers ont fait sortir un à un les militants, les ont fouillés, photographiés, et injuriés. Arrêté et menotte, Cyril, membre du groupement Vamos, une association de « sambactivistes » , est ainsi resté près de onze heures dans un fourgon. « Il n'y avait plus de place nulle part pour nous » , raconte-t-il. Les policiers ont tout de même réussi à lui dénicher une cellule dans laquelle ils l'ont ensuite confiné pendant vingt heures. « Là, on m'a fait un prélèvement d'ADN, on a pris mes empreintes, on a photographié ce que j'avais dans mon sac, et toutes les trois heures ils venaient me réveiller pour me photographier encore. » Finalement, Cyril s'en est plutôt mieux sorti que sa camarade Julie Chansel, autre membre actif de Vamos, qui, elle, s'est retrouvée en prison jusqu'au vendredi, sous le coup de la double accusation d'être « guidée par le mal » et d'avoir déféqué sur les forces de l'ordre !

Selon la légal team chargée d'assurer leur défense, près de 360 personnes ont ainsi été placées en garde à vue pendant vingt-quatre heures ou plus... Une fois relâchées, elles ont été interdites d'accès de certains quartiers d'Edimbourg et du camp du Stirling, dans lequel elles avaient toutes laissé leurs bagages, et donc sans aucune possibilité de les récupérer. Le dernier jour à Gleneagles, passablement échauffés par le déroulement de ce contre-sommet, 200 militants ont décidé de couper à travers champs pour contourner le cordon de policiers casqués. « Immédiatement, on a vu débarquer des hélicos qui venaient déposer des renforts, on se serait cru en pleine guerre du Vietnam, ils volaient à très basse altitude au-dessus de nos têtes. C'était l'armée des clones dans Star Wars » , plaisante Sylvain, un militant de la LCR. Pour autant, Maxime, d'Attac, tient à préciser que, « contrairement à Gênes, ils n'ont pas subi de violences physiques, mais tout était fait pour les maintenir dans un climat de peur et d'intimidation » . 

Pas assez, sans doute, pour que la presse française - à l'exception de l'Humanité - daigne accorder une ligne à leurs mésaventures. Entre-temps, les terroristes, les vrais, avaient ensanglanté Londres...

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