"Dheepan", fiction puissante

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Le film de Jacques Audiard, Palme d'or du dernier Festival de Cannes, est un hymne à l'espérance.

>>> Article paru dans Marianne daté du 21 août

L'homme est un guerrier vaincu. Dans un prologue sombre et poignant, au Sri Lanka, on le voit jeter son uniforme de « tigre » sur le bûcher où se consume le corps d'un proche. Ainsi commence Dheepan, de Jacques Audiard, valeureuse Palme d'or à Cannes, fiction puissante de plus en plus irriguée par le drame des migrants et réussissant ce qui paraît impossible : éclairer à petits pas du soleil doux des sentiments, de l'éclat inattendu d'une scène de comédie, une fable pessimiste sur la violence du monde.

Chez Audiard (Un prophèteDe rouille et d'os...), on donne toujours leur chance aux malchanceux, il en est de même ici où trois héros dépareillés sont confrontés à des écueils redoutables, et le film avec eux, laissant de magnifiques acteurs inconnus s'exprimer presque exclusivement en tamoul ! Pour espérer obtenir le statut de réfugié, le guerrier Dheepan a dû se constituer une fausse famille, « recrutant » dans un camp de triage une jeune femme un peu revêche et une petite fille orpheline, et les présentant comme étant son épouse et son enfant. Le voilà en France, gardien d'immeuble dans une cité de banlieue dont une barre est gangrenée par le trafic de drogue, avec sa « famille ».

Etrangers en leur terre d'accueil, étrangers plus encore à eux-mêmes, dans leur relation obligée d'amour et de partage, passant insensiblement de l'hostilité à quelque chose d'insolite qu'ils ne savent pas nommer, « Fais-moi un baiser, comme tout le monde », dit la petite fille à sa « mère » devant la porte de l'école... C'est alors qu'éclate un conflit armé entre dealers, dans la cité, et que Dheepan retrouve tous ses instincts de combattant. La métaphore - la guerre n'a pas de patrie - est aveuglante, mais la force des scènes d'action et l'apparition troublante du jeune caïd fragile (Vincent Rottiers) enlèvent toute banalité à l'épisode.

L'épilogue de Dheepan, anglais et apaisé, a semblé complaisant à certains. On peut y voir ce que l'on veut. Un vœu pieux, un happy end volontariste, ou plus simple, plus sincère et plus belle, une bouffée d'espérance.

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