Rembrandt, côté ombres

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Le dessinateur néerlandais Typex livre en près de 300 pages un portrait intime et irrévérencieux du peintre hollandais. Une véritable œuvre d'art qui privilégie les zones sombres de son inspirateur.

 >>> Article paru dans Marianne du 10 juillet

La vie des grands noms de la peinture semble être la dernière bonne idée de l'édition BD. On ne compte plus les hagiographies en bulles qui, ces derniers mois, ont rendu hommage aux maîtres classiques, Le Caravage par Manara, Picasso par Julie Birmant et Clément Oubrerie, Van Gogh par Barbara Stok, Modigliani par Le Hénanff et Seksik, la Vision de Bacchus par Jean Dytar, Velazquez par Santiago Garcia et Javier Olivares... Autant de visions originales de ce que le 9e art doit au 3e. Le dessinateur néerlandais Raymond Koot alias Typex, lui, s'est lancé dans une aventure colossale : se faire, dans un imposant roman graphique, le biographe du peintre hollandais Rembrandt Harmens-zoon Van Rijn, qui, au XVIIe siècle, révolutionna l'art baroque européen.

Mais il s'agit d'un biographe qui, au lieu de suivre pas à pas la vie et la naissance des œuvres du Hollandais inspirant le Siècle d'or, brosse en 11 tableaux successifs et autant d'anecdotes liées à ses proches - femmes, concubines, amis, enfants... -, le fantasque, le vaniteux, l'infidèle, mais aussi le désarmant peintre de la Ronde de nuit. Typex, que le musicien australien Nick Cave considère comme le « plus grand artiste néerlandais... le second plus grand, après Rembrandt », a consacré près de trois ans, à compter de quatorze heures par jour, et quelques dizaines de milliers de dessins à son œuvre.

Il livre, en près de 300 pages, un portrait intime, une approche irrévérencieuse, privilégiant les zones d'ombre au détriment des actes de bravoure du peintre des Provinces-Unies. N'oubliant pas que Rembrandt, dans ses excès pécuniaires, en vint même à vendre la tombe de sa première femme, Saskia, pour payer l'enterrement de la seconde, Hendrickje Stoffels, morte de la peste, et à mettre tous ses biens aux enchères pour survivre.

Le dessin, dans le procédé du clair-obscur cher au maître flamand, s'intéresse aux imperfections des visages et des corps dans un trait baroque, coloré, virevoltant et enivrant, noyant certaines cases de personnages et de détails pour mieux les vider ensuite. Car Typex veut avant tout mettre en images des sensations et, surtout, cette obscurité qui peu à peu va gagner le cœur, l'esprit et la peinture de Rembrandt, au fur et à mesure des décès de ses proches. Une inflexion visible dans les autoportraits successifs du peintre, que Typex donne à voir grâce au miroir qui reflète son image tourmentée.

Dans sa mise en abyme, Typex a réussi mieux qu'une hagiographie béate, une véritable œuvre d'art qui, dans son élégant emballage similicuir aux tranches dorées incluant un cahier de croquis et de notes, pourrait bien marquer, à l'instar de son illustre inspirateur, l'histoire du 9e art.

Rembrandt, de Typex, Casterman, 264 p., 25 €.

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