Retour à l'usine

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C'est le dernier truc à la mode: faire visiter des usines aux touristes pour faire découvrir le savoir faire made in France. Original quand d'aucuns expliquent que le patriotisme économique serait la première marche vers le nationalisme.

Il paraît que la dernière mode est au tourisme industriel. Comme l'écrit le Parisien, «des milliers d'usines et d'ateliers ouvrent leurs portes aux visiteurs, lesquels en profitent pour découvrir le savoir-faire made in France». C'est sympa, d'autant qu'à l'heure actuelle nombre d'entreprises claquent leur porte au nez de ceux qui y travaillent, lesquels sont ainsi priés d'aller se faire voir ailleurs. Entre deux passages par Pôle emploi, ces derniers pourront toujours aller visiter leur ancienne boîte (si elle existe toujours), à moins qu'elle ne se soit délocalisée sous des cieux fiscalement plus intéressants, auquel cas le voyage deviendra plus délicat. Bon. Ne faisons pas la fine bouche. On ne saluera jamais assez ces entreprises où l'on peut travailler et innover sur le sol hexagonal en un temps où certains expliquent à longueur d'articles que le made in France n'a pas d'avenir et que le patriotisme économique est la première marche vers le nationalisme, voire plus si affinités. Aujourd'hui, la seule voie de salut pour qui veut se lancer dans l'aventure industrielle serait l'expatriation en raison du «coût du travail» (sic), des «charges» qui explosent, de l'Etat qui régente tout, sans oublier la fiscalité qui vide les caisses des entreprises, met les PDG sur la paille et tond les plus fortunés, transformés en nouveaux pauvres.

A force d'entendre cette petite musique, on en oublierait presque que les groupes du CAC 40 ont annoncé 39 milliards d'euros de profits pour le premier semestre, soit une hausse de 34,2 %. En soi, il n'y aurait rien de scandaleux si de tels résultats débouchaient sur des emplois, des investissements, des efforts de recherche et des créations d'entreprises que l'on pourrait, demain, faire visiter à de futurs touristes. Or il n'en est rien. La croissance est au ralenti, l'investissement au point mort, et le chômage dans une situation telle que François Rebsamen a préféré retourner à Dijon plutôt que de commenter les prochaines statistiques.

Mais, chut, il ne faut pas le dire. Sinon il faudrait s'interroger sur l'efficacité de la médication proposée par le gouvernement, qui arrose les entreprises de fonds publics avec l'efficacité des Danaïdes condamnées à remplir un tonneau sans fond.

 

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