Un facteur très humain !

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Filmé au cœur du parc naturel de Kenozero, "Les Nuits blanches du facteur" d'Andreï Kontchalovsky nous transporte dans une Russie délicieusement inédite. En suivant ce facteur dans sa tournée quotidienne, on échappe à l’image habituelle des villages désertés et abandonnés, ravagés par l’alcoolisme.

Récemment invité à Paris, pour présenter son dernier film, Les Nuits blanches du facteur lors d’une avant-première, le cinéaste russo-américain Andreï Kontchalovsky a lâché, laconique : « Que voulez-vous que je vous dise maintenant ? Vous n’avez pas encore vu le film. Et après ? Vous l’aurez vu ! » Avant de se lancer dans un laborieux monologue sur la nécessité, lorsqu’on prépare un film, d’en trouver le financement et les acteurs… Et à la fin de la projection, le public un brin frustré a vainement attendu le retour de l’éminent septuagénaire… 

Pour autant, la salle était enchantée : Les Nuits blanches du facteur Alexeï Tryapitsyn (le titre original russe précise son patronyme), dix-neuvième film du frère de Nikita Milkhalkov, est un régal ! Tourné avec des « vrais gens », pour reprendre l’expression de son auteur, dans leur véritable village de Kocitsyne au cœur du parc naturel de Kenozero, dans la région d’Arkangelsk, au nord-ouest de la Russie, le film nous transporte dans une Russie délicieusement inédite. On échappe ici à l’image habituelle des villages désertés et abandonnés, ravagés par l’alcoolisme. Si l’un des voisins de notre postier, vieux et fragile, dépense bien toute sa retraite en vodka, Alexeï Tryapitsyn, lui-même alcoolique repenti, le sermonne gentiment et le ramène chez lui dès qu’il s’égare dans les vapeurs de l’éthylisme.

Absolument réel, sans être documentaire, le film suit notre héros dans sa tournée quotidienne, depuis sa toilette du matin jusqu’au coucher : outre les retraites et le courrier, qui se raréfie à cause d’Internet, Tryapitsyn fait les courses en ville pour ses voisins souvent âgés et isolés, et leur livre grâce à son bateau à moteur. Un jour, Kontchalovski a fixé sur la pellicule une vieille femme, qui veut absolument inviter notre facteur à boire un verre chez elle. On assiste ensuite aux (réelles) obsèques de cette grand-mère, au milieu de sa famille éplorée.

Un cheveu sur la langue, le propos volontiers philosophe, Alexeï Tryapitsyn s’éprend sous nos yeux de la seule actrice professionnelle du film, accompagnée de son fils. Ils ne se marieront pas et n’auront pas beaucoup d’enfants, en dépit de la complicité qui se noue entre Alexeï et le fils de sa belle. Un drame viendra briser la vie calme et bucolique du fringant facteur, au point de lui faire quitter son paradis pour se réfugier un temps en ville. Mais le brave Alexeï n’est pas le genre urbain et son exil volontaire ne durera pas. 

Récompensé par un Lion d’argent à Venise l’an dernier, ce film pareil à nul autre nous révèle avec une grande justesse les hauts et les bas de la vie sur la terre russe. Foudroyant ! 

Les Nuits blanches du facteur, Andreï Kontchalovsky.
En salles.

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