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Une autre politique n'est possible qu'à condition d'ouvrir une crise en Europe

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Henri Sterdyniak, sur le blog des Economistes atterrés, tirent longuement les enseignements de la crise grecque. Pour lui, "le texte imposé à la Grèce, comme la conduite des négociations, posent la question de la nature de la zone euro". "L’Allemagne, écrit-il, ses chevau-légers (la Finlande, la Slovaquie, les pays baltes, etc.), la Commission, la BCE ont imposé leurs vues… avec la bénédiction des dirigeants de l’ensemble des Etats membres. Pour eux, l’euro est indissociable de politiques d’austérité et de réformes structurelles libérales. Les votes qui peuvent avoir lieu au niveau des nations n’ont aucune importance." Et d'en conclure : "A l’avenir, les partis politiques, les mouvements sociaux, les peuples qui voudront mettre en œuvre une autre politique sauront qu’ils devront ouvrir une crise en Europe."

En janvier 2015, la Grèce avait voté pour un parti, Syriza, qui proposait un tournant radical par rapport aux politiques suivies par les gouvernements précédents. Alternant de longues années au pouvoir, le Pasok et la Nouvelle Démocratie avaient maintenu la domination de quelques familles d’oligarques, la corruption généralisée et l’inefficacité de l’administration. Après l’entrée dans la zone euro, les dépenses publiques ont nettement augmenté, ce qui pouvait se justifier dans une perspective de rattrapage, mais les impôts ont fortement baissé, induisant un fort déficit public : le solde primaire (hors charges d’intérêt) est passé d’un excédent de 3 % en 2000 à un déficit de 2,4 % en 2007. Les classes dirigeantes n’ont pas profité des bas taux d’intérêt permis par l’appartenance à la zone euro pour développer l’industrie et le secteur productif en Grèce. La croissance a été forte (4,1 % de 1998 à 2007), mais insoutenable : le déficit extérieur dépassait 10 % du PIB en 2007. Cette dérive participait au creusement des disparités dans la zone euro entre les pays du Nord, en particulier l’Allemagne, qui avaient choisi une stratégie de recherche de compétitivité et d’accumulation d’excédents extérieurs, nuisible à leurs partenaires, et les pays du Sud, dont la croissance soutenue s’accompagnait de forts déficits extérieurs, financés sans peine jusqu’à la crise grâce à la confiance des marchés financiers en la solidité de l’euro.

La crise financière de 2008 et la crise des dettes des pays du Sud n’ont pas été l’occasion d’une rupture réfléchie de la stratégie de la zone euro. Au contraire, elles ont permis aux institutions européennes d’imposer une stratégie austérité/réformes structurelles libérales, fruit de l’alliance entre l’ordolibéralisme à l’allemande et le libéralisme à l’anglo-saxonne des technocraties nationales et européennes. Cette stratégie s’inscrit dans l’objectif des classes dirigeantes européennes : utiliser la construction européenne pour mettre en cause le modèle social européen, pour réduire les dépenses publiques et sociales, pour affaiblir le droit du travail et les régulations économiques. Elle suppose de réduire les pouvoirs des gouvernements nationaux soumis au verdict démocratique pour augmenter le poids des règles, des instances européennes, des comités d’experts indépendants. Les difficultés de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande, à un degré moindre celles de l’Italie et de l’Espagne, ont permis à cette stratégie de se déployer. Les aides octroyées se sont accompagnées de la mise en place de protocoles d’entente (Memorandum of understanding) imposant aux pays aidés des politiques d’austérité et des réformes définies par la Troïka (la Commission, la BCE, le FMI). Même les pays qui n’ont pas besoin d’aide financière (la France, par exemple) doivent s’inscrire dans cette pratique en respectant les normes du Traité budgétaire (qui interdit les politiques budgétaires discrétionnaires, qui impose des politiques restrictives jusqu’à ce que le solde primaire structurel soit en quasi-équilibre et la dette publique inférieure à 60 % du PIB, c’est-à-dire toujours) et en présentant un programme national de réformes, d’inspiration libérale. Par contre, bien que le bas niveau des taux d’intérêt et les menaces de déflation montrent que la zone souffre d’un déficit de demande, les pays à fort excédent extérieur ne sont guère mis en accusation ; l’Europe tolère les politiques de concurrence fiscale destructrices du Luxembourg, de l’Irlande et des Pays-Bas ; elle feint d’oublier que la cause de la crise, ce sont les marchés financiers (ni les dépenses publiques, ni les hausses excessives de salaires), de sorte que discipliner ces marchés est la réforme structurelle la plus urgente.

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