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Euro-BRICS 2012-2014 : Vers des réseaux thématiques de coopération appuyés sur un référentiel politico-diplomatique spécifique

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PROGRAMME ET PARTICIPANTS

Le monde continue à traverser une crise historique qui marque la fin des systèmes et rapports de forces ayant dominé le monde depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les dynamiques au cœur des phénomènes de globalisation accélérée et d’expansion sans frein du marché de ces vingt dernières années viennent de s’effondrer. Les relations internationales dans tous les domaines (finance, économie, devises, stratégie, diplomatie, …) sont soumises à un rééquilibrage sans précédent depuis plusieurs décennies. Ce nouveau contexte global crée des équilibres (et des déséquilibres) nouveaux qui se substituent rapidement à ceux hérités des deux dernières grandes ruptures de l’ordre du monde, à savoir la Seconde Guerre Mondiale et la Chute du Rideau de Fer. Que ce soit pour gérer pacifiquement les tensions qui se font jour à tous les niveaux de la gouvernance mondiale héritée du XX° siècle, sur fond d’une crise systémique globale qui perdure, les acteurs d’envergure mondiale, anciens, nouveaux ou résurgents doivent faire preuve d’audace et d’innovation pour tenter de poser les fondements de la gouvernance mondiale du XXI° siècle. A ce titre, Européens de l’Euroland et Russes constituent sans aucun doute un partenariat prometteur capable de servir de socle à un tel renouvellement. L’initiative Euro-BRICS, portée conjointement depuis 2010 par LEAP/E2020 et le MGIMO, et désormais soutenue par un réseau actif d’experts Européens, Brésiliens, Russes, Indiens, Chinois et Sud-Africains, en est d’ailleurs un exemple flagrant.

Dans cette logique, et dans la continuité des travaux des deux précédents séminaires Euro-BRICS (Nice 2010, Moscou 2011), ce troisième séminaire, organisé les 27-28 Septembre 2012 à Cannes par LEAP/E2020 en partenariat avec le MGIMO, s’est organisé autour de deux axes stratégiques et opérationnels essentiels :

1. Vers le développement de réseaux thématiques Euro-BRICS

2. Réflexions sur un référentiel politico-diplomatique de coopération Euro-BRICS.

Les deux approches sont très complémentaires : la première très opérationnelle vise à offrir des pistes prometteuses pour les réseaux Euro-BRICS de chercheurs, d’universités, d’entreprises, de villes, d’ONG, tandis que la seconde plus stratégique, cherche à définir un cadre de coopération diplomatico-stratégique Euro-BRICS.

L’objectif du séminaire de Cannes, conçu en fonction du séminaire Euro-BRICS suivant qui se tiendra à Moscou en Février 2013, était soumis à une double contrainte très concrète :

. Cibler avant tout les axes/domaines de coopération Euro-BRICS qui pourraient faire l’objet d’un développement rapide

. Proposer une approche Euro-BRICS du futur sommet du G20 qui se tiendra en Septembre 2013 à St Pétersbourg.

Les débats auxquels cette rencontre a donné lieu ont une fois de plus frappé par leur richesse et leur caractère innovant. Une vingtaine de représentants des BRICS et de la zone Euro ont ainsi eu l’occasion d’exprimer leur vision de la coopération internationale et de la gouvernance mondiale dans le « monde d’après la crise », des visions qui ne se ressemblent pas toujours mais qui se complètent souvent et convergent sur les grands principes. Un vrai renouvellement des thèmes de coopération ainsi qu’une humanisation de la globalisation sont apparus comme les principaux atouts d’une future coopération Euro-BRICS.

Le plan de ce compte-rendu suit celui du séminaire lui-même, passant en revue les différents thèmes de coopération abordés, la question de la gouvernance mondiale, et concluant par une série de propositions en vue de la mise en place opérationnelle de ce nouvel espace Euro-BRICS de coopération stratégique.

Coopération en matière de Sciences et Technologies : priorité au désenclavement de la recherche, à l’innovation, au capital humain

L’établissement de réseaux EURO-BRICS est apparu comme susceptible de faire sortir la recherche en science et technologie de la crise dans laquelle elle se trouve actuellement. En effet la communauté scientifique internationale est un système en autarcie, déconnecté de la réalité, auto-entretenu et sans contrôle par les citoyens. C’est devenu une technocratie, notamment en physique théorique, cosmologie, économie et aussi dans le domaine des nouvelles sources d’énergies. La Théorie des Cordes fournit un très bon exemple de cette impasse dans laquelle la recherche se trouve : au terme de 3 décennies de recherche forcenée, de plus de 100 000 publications et de sommes colossales dépensées au détriment de nombreux autres secteurs de recherche, cette théorie n’a abouti à aucun résultat concret, sans compter qu’elle n’est même pas scientifiquement réfutable ! Ces blocages sociologiques sont la cause d’une grave crise scientifique et d’une perte totale d’innovation dans ces domaines fondamentaux qui sont pourtant essentiels à la gestion des crises systémiques en cours et à venir : crise de l’énergie et crises écologiques, pour n’en citer que deux. Il s’agit donc de se donner les bases conceptuelles pour pouvoir développer ensuite de nouvelles solutions technologiques pour la gestion des ressources, de l’énergie et des échanges pris en compte dans une économie humaine. En s’appuyant sur les réseaux Euro-BRICS la communauté scientifique se donnera une nouvelle frontière pour établir de nouveaux espaces où la démocratie et la liberté scientifiques soit mieux défendues.

L’innovation scientifique et technologique est un bon critère de dynamisme du secteur. C’est d’ailleurs une priorité des gouvernements car un signe de modernité et de dynamisme économique. Or l’expérience a montré qu’il n’y avait pas d’innovation sans collaboration : entre entreprises, universités et instituts de recherche ; entre chercheurs de secteurs, de pays, de zones géographiques, de langues différentes… Les co-publications sont un bon indicateur du degré de collaboration scientifique d’un pays. L’étude de leur nombre et de leur répartition permet notamment de constater que les Etats-Unis étaient le seul pays anglophone dont la production scientifique présentait moins de 30% de co-publications internationales. Autant pour le pays leader de la recherche scientifique internationale ! Les co-publications présentent en outre l’avantage de donner une plus grande visibilité aux travaux. L’Afrique du Sud fournit un cas intéressant d’évolution dans ce domaine, ayant notamment une augmentation importante des publications scientifiques coréalisées par des chercheurs de différents pays africains, résultat de la stratégie d’ouverture des universités du pays aux universités du reste du continent. Concernant l’Afrique du Sud encore, elle est confrontée à un problème de diffusion lié au monolinguisme et au problème de représentativité des statistiques des publications. Les statistiques montrent que les sujets des publications reflètent les intérêts propres des pays (i.e. : les maladies infectieuses en Afrique du Sud). On aborde là la question de la mobilité des chercheurs et les aspects d’échanges « hors frontière » de structures relativement fermées sur elles-mêmes.

L’innovation est bien entendu synonyme d’ « économie du savoir » et donc intimement liée à la question du « capital humain ». La société de la connaissance a révélé qu’un des objectifs des BRICS est la réduction de leur dépendance vis-à-vis des technologies fournies par les autres pays. Ainsi, l’accent est porté sur le caractère central des ressources humaines dont la valorisation va de pair avec le bien-être individuel et social, l’efficacité technique et professionnelle, la capacité d’innovation… L’éducation est évidemment au cœur de cette valorisation du capital humain. De facto les BRICS investissent dans ce capital : l’Inde et la Chine en particulier expérimentent une croissance rapide en matière éducative ; la Russie quant à elle affirme sa culture scientifique de recherche fondamentale, en particulier par opposition à l’UE, de plus en plus tournée vers la recherche appliquée. D’autre part, les statistiques montrent que la Chine est le pays qui consacre le plus de ressources à la R&D alors que, contrairement aux apparences, en Russie et aux US, le capital humain est faible. Les BRICS ont parfaitement conscience qu’« il n’est de richesse que d’homme » [1], que le XXIème siècle sera celui de l’éducation dans le sens d’ « apprendre à apprendre », et non plus dans le sens « sachant/apprenant ». Alors que l’Europe, sous l’influence du « tout-comptable », tendait à s’éloigner de ce genre de priorité sociétale pour rentrer dans les logiques d’enseignement financièrement rentable ou de dé-financement de l’éducation, un rapprochement avec les BRICS est susceptible de la ramener à des plus saines considérations sur la valeur du capital humain.

Concrètement, sur quelles bases créer une plateforme Euro-BRICS en matière de coopération scientifique et technique ?

. Vers un Schengen Euro-BRICS ? Une des voies retenues pour aider à atteindre ces objectifs est celle de la nécessité d’une politique de mobilité des acteurs de la recherche, c’est-à-dire des obtentions de visas ou de permis de travail facilitées. Sur cette question, une proposition ambitieuse a été formulée durant le séminaire, celle de créer un Schengen Euro-BRICS de libre-circulation des personnes entre ces pays. Un tel chantier constituerait un signal politique très fort en faveur de l’établissement de relations privilégiées sur cet axe ; par ailleurs, Schengen répond à une logique économique de modernisation de la gestion des flux humains plus qu’à une disparition des frontières ; enfin, de nombreux points de passage entre les différents membres de l’Euro-BRICS sont déjà libres de toute contrainte de visa (Brésil-Afrique du Sud, Brésil-Russie, Europe…). La mise en place d’une telle expérience pourrait se faire de manière graduelle en commençant par l’enclave de Kaliningrad, puis évaluation, décision, nouvelle étape, évaluation, décision, etc…

. Les intervenants ont reconnu que le mono-langage, peu propice à l’innovation, n’était pas nécessaire dans cette démarche, seule la traduction est apparue comme incontournable.

. Quant à la contrainte de financement, elle n’est qu’une question de volonté politique.

. Concernant les thèmes de coopération en matière scientifique et technique, les participants sont convenus qu’il était nécessaire d’identifier les secteurs et thèmes scientifiques dans lesquels on constate des blocages, impasses, frustrations existants et de chercher les sujets sur lesquels la coopération Euro-BRICS pouvait apporter un souffle nouveau, des complémentarités… une vraie valeur ajoutée susceptible d’ouvrir de nouveaux espaces de réflexion/recherche.

. Pratiquement, il s’agit de fonder ces coopérations sur les nouvelles technologies bien sûr (internet, réseaux sociaux, vidéo-conférence…) pour en diminuer les coûts. Les onéreuses réunions en face-à-face semblent s’imposer moins à l’heure de ces outils, en particulier dans le contexte Euro-BRICS où la compréhension écrite est parfois meilleure que la compréhension orale.

. L’une des méthodes retenues pour multiplier les axes de coopération Euro-BRICS consisterait à contribuer au développement de cellules Euro-BRICS au sein des pôles de recherche, des universités, etc… dans les pays des deux groupes considérés.

Coopération dans le domaine socio-économique : Vers un modèle win-win de globalisation ?

S’il est bien un domaine où les relations Euro-BRICS sont déjà une réalité, c’est celui des échanges commerciaux : les 5 pays BRICS sont dans le top 20 des partenaires de l’UE ; et si la balance commerciale est défavorable à l’UE, le développement des BRICS constitue une formidable opportunité pour les exportations européennes. Ceci les entreprises européennes le savent bien, elles qui ont depuis plusieurs années déjà orienté leurs stratégies de développement dans cette direction.

La dépendance entre ces deux groupes de pays a considérablement augmenté ; pour preuve, les efforts consentis par les BRICS pour contribuer à résoudre la crise de l’Euro (participation au programme de soutien financier de la zone Euro, discussions autour de l’accroissement de l’aide du FMI à la zone Euro, augmentation des importations en provenance de l’UE, etc…).

D’un point de vue plus institutionnel, chacun des 5 BRICS a signé un partenariat avec l’UE mais il n’existe pas encore d’accord global entre l’UE et les BRICS. Pourtant, l’addition des 5 partenariats UE-BRICS sera toujours d’une autre nature qu’un véritable partenariat stratégique de groupe à groupe, partenariat équilibré entre deux réseaux transnationaux de natures similaires offrant des perspectives beaucoup plus innovantes.

En matière socio-économique, l’hétérogénéité des BRICS apparait tantôt comme un frein, tantôt comme un accélérateur à l’établissement de réseaux EURO-BRICS. En effet, les membres des BRICS ont des moteurs de développement et des politiques économiques différentes ; mais les complémentarités sont faciles à identifier et c’est sur elles qu’il s’agit de se concentrer. On n’est pas obligé de parler de tout dans un partenariat ; en revanche, organiser les complémentarités est tout de même plus fécond que réguler la compétition entre acteurs aux profils similaires.

Outre l’avantage évident pour les deux parties à œuvrer en faveur d’une facilitation du commerce entre elles, il est un autre terrain d’intérêt commun Euro-BRICS en matière de commerce, c’est l’OMC. Chacun des BRICS s’est en effet battu pour entrer à l’OMC. Ils y sont maintenant et se rendent compte que les maîtres du jeu dans cette enceinte sont beaucoup plus tatillons en matière de libre-échange depuis qu’ils ne sont plus ceux qui en bénéficient ; les BRICS se rendent également compte que chacun de son côté est incapable de faire bouger les lignes de front, même lorsqu’on a la puissance de frappe d’une Chine. Le regroupement stratégique BRICS est apparu comme une solution à ce problème également, mais la configuration ressemble alors à une opposition frontale de type Nord-Sud dont rien de constructif ne peut ressortir. Seule une alliance Euro-BRICS est susceptible de faire bouger ces lignes de front et influencer le processus décisionnel de règlementation des marchés. La question est bien sûr : l’Euroland et les BRICS ont-ils des positions communes à défendre ? Sur une position équilibrée de type « comment profiter du marché international tout en protégeant son marché intérieur », certainement oui ! C’est donc autour de cet objectif stratégique clé que les BRICS et l’Euroland doivent se réunir, formuler les positions communes et les pousser en avant au sein de l’OMC.

Dans le même ordre d’idée, il est également un domaine où le dialogue entre l’Euroland et les BRICS s’impose, c’est celui des nombreux litiges commerciaux qui les opposent, en particulier l’UE et la Chine. Les BRICS ont en effet intérêt à augmenter leur influence sur les mécanismes européens en matière commerciale ; ce qui soulève la question de la participation des BRICS dans les blocs régionaux et la coordination de leurs positions auprès des partenaires comme le MERCOSUR, la Communauté économique Euro-Asiatique, l’Union douanière d’Afrique Australe, etc…

Le cadre de partenariat Euro-BRICS est apparu au cours de ces discussions comme l’un des plus propices à concevoir un modèle « win-win » de commerce international, fondé sur des positions équilibrées d’échanges commerciaux respectueux de l’humain.

Concrètement, un certain nombre de thèmes ont été jugés propices à collaboration Euro-BRICS :

. La réforme du système européen de préférences commerciales

. La réforme du Mécanisme de règlement des différends de l’OMC

. Un observatoire des différends commerciaux

. Un projet concret de coopération a également été proposé qui concerne la réforme du calcul des échanges commerciaux. Il s’agirait de construire un réseau Euro-BRICS de sociologues et d’économistes travaillant à fonder le calcul de la richesse, de la croissance, des échanges sur de nouveaux critères Euro-Brics afin d’évoluer vers une nouvelle vision du monde économique. En effet actuellement le commerce mondial n’est pas calculé sur la base du commerce équitable ; il est temps de penser les échanges en termes de valeur-ajoutée. Les bases de calcul du commerce mondial sont arbitraires et déconnectées des nouvelles réalités : l’analyse des balances commerciales par exemple ne peut plus fonctionner sur la comparaison simple des imports/exports à l’heure des délocalisations par ex. Là encore, on est arrivé au bout d’une logique, d’un système.

. Un thème de coopération et d’échange de savoir-faire fructueux entre Europe et BRICS concerne la modernisation des infrastructures.

. La construction d’un nouveau cadre de protection de la propriété intellectuelle est apparue comme un thème d’intérêt commun Euro-BRICS particulièrement intéressant à explorer.

. Un thème litigieux, porté par l’Inde en particulier, et donc intéressant à approfondir, concerne la mise en accord entre mobilité humaine et mobilité des marchandises.

. Une proposition politique forte concerne l’organisation d’un sommet Euro-BRICS du commerce à l’horizon 2014.

Réseaux dans le domaine des matières premières, énergie et environnement : préserver les richesses sans malmener la croissance

En matière d’environnement aussi, le cadre international (Rio+20) est dans l’impasse. Comment les Euro-BRICS peuvent-ils refonder l’agenda environnemental mondial ?

L’Europe, puissance leader dans ce domaine, a perdu de l’influence depuis 2009 et l’agenda global en ressent les effets. Les convergences évidentes entre Euroland et BRICS pourraient permettre de relancer l’effort si des synergies sont créées. Du côté des BRICS, une chose essentiellement doit être prise en compte : que les politiques environnementales ne nuisent pas à leur croissance économique. Mais sur le fond, Euroland et les 5 BRICS sont bien conscients de l’importance des enjeux (comment ne pas l’être lorsqu’on compte un milliard et demi d’habitants comme l’Inde ou la Chine ?).

L’UE doit renouer avec ses politiques d’incitation financière. La définition d’un cadre commercial contraignant du point de vue environnemental doit se faire en concertation avec les BRICS pour ne pas aboutir à des litiges commerciaux et/ou au contournement des règles.

Dans le domaine de l’environnement, le problème est la constitution de nouvelles filières industrielles qui prend beaucoup de temps. A ce titre, les questions de stratégie environnementale pourraient faire l’objet, dans une première approche, d’un volet spécifique dans des accords bilatéraux, ce pour amorcer la convergence, compte tenu des divergences d’approches en matière de climat et de positionnement des membres des BRICS vis-à-vis des conclusions de RIO +20. Ici aussi, il faut se projeter dans la durée et travailler sur des échéances à 25/ 50 ans.

La proposition est que l’UE mette en place une politique étrangère coordonnée, incluant les volets environnementaux et énergétiques, en commençant par des accords bilatéraux pour aller ensuite vers du multilatéral. Les Partenariats Stratégiques entre l’UE et les BRICS pourraient servir de base à ce type d’accords.

Au titre des réseaux à établir dans le secteur des matières premières, de l’énergie et de l’environnement, un problème est que les solutions efficaces sont généralement locales (optimisation par rapport au milieu). Il est donc difficile d’avoir des politiques globales ou une convergence, y compris au sein des BRICS. Comment intégrer la logique régionale de l’environnement à la base BRICS ?

Concrètement, voici quelques pistes de réflexion à explorer entre Euroland et BRICS :

. La question de la sensibilisation des opinions publiques aux questions environnementales dans les BRICS et l’apport de l’expérience européenne dans ce domaine.

. Vers un « Euro-Brics people’s summit of environment (changement climatique, cycle nitrogène/phosphore, biodiversité, utilisation des sols, rarefication des eaux propres, acidification des océans) » ?

. Environnement, bio fuels et sécurité alimentaire : quelles sont les pistes d’avenir ? Quels sont les thèmes de recherche porteurs d’avenir ?

. Quel cadre (légal, technologique…) pour la coopération Euro-BRICS en matière énergétique et environnementale ?

. La question du nucléaire (cf. développement en Inde). Prendre en compte les différences de priorités entre Euro-BRICS en matière d’énergie. Initier des convergences. Garantir la stabilité et la durabilité des marchés de l’énergie.

. Thème de coopération : l’adaptation aux conditions climatiques extrêmes

. Coopération Euro-BRICS accrue en matière de politique climatique : Brésil, Afrique du Sud, Chine

Gouvernance mondiale : devenir global en préservant le local

Face à la crise de la gouvernance mondiale, une multitude de projets de relance de cette gouvernance selon de nouveaux principes, regroupements, méthodes… voit le jour. Quelles sont les chances du projet BRICS dans cette cacophonie ? Un partenariat avec l’Euroland améliore-t-il ces chances ? C’est le pari que fait ce groupe sachant que le partenariat EURO-BRICS représente la moitié du poids du G20.

Cette crise de la gouvernance est en grande partie due à l’arrivée de nouveaux acteurs, les puissances émergentes, dans les enceintes internationales devenues pléthoriques, affaiblies par les disparités entre représentants, … Aujourd’hui les organisations internationales, incapables de créer des alliances et des vraies majorités, ne produisent plus grand chose d’intéressant. Clairement, des alliances stratégiques Euro-BRICS sur les thèmes qui leur sont chers constituent la solution pour une reprise en main de ces instances.

Il est intéressant de noter que ni les BRICS ni l’Euroland ne sont actuellement dans une logique de leadership ; tous semblent se méfier de ce genre de position, même la Chine. C’est aussi ce qui les pousse à rechercher des alliances destinées aussi à partager les responsabilités. On semble passer d’une gouvernance fondée sur le leadership à une gouvernance fondée sur l’influence. Ce trait constitue probablement une caractéristique du « monde d’après la crise ».

Car pendant ce temps, la globalisation touche à tous les domaines au point de devenir inquiétante pour les intérêts locaux, nationaux. On assiste depuis de nombreuses années à une incursion croissante de la gouvernance mondiale dans les affaires nationales et locales : propriété intellectuelle, politiques de compétition, mesures sanitaires et phytosanitaires, régulation technique et standardisation, normes en matière d’emploi, protection de la main d’œuvre étrangère, normes environnementales, normes comptables, systèmes statistiques, marchés publics, subventions, politiques fiscales, disciplines fiscales, politique monétaire,… L’enjeu pour les puissances émergentes, mais aussi pour l’UE de plus en plus, devient : comment devenir/rester global tout en préservant ses intérêts particuliers ? Comment protéger la diversité (un vrai souci commun Euro-Brics) ? Des questions de subsidiarité apparaissent dans la foulée, questions bien connues de l’UE. Toute cette problématique revient en fait à la question de la démocratisation de la gouvernance globale et à son mode de gestion, par exemple : gouvernance globale ou gouvernance inter-gouvernementale ? La symétrie entre les questions que se posent les puissances émergentes face à leur entrée sur la scène internationale et les questions inhérentes à la construction européenne est frappante et permet de penser que le cadre Euro-BRICS est susceptible d’apporter des réponses intéressantes à ces problématiques. A cette fin, l’instauration de dialogues sur les politiques Euro-BRICS peut fournir un cadre propice à l’élaboration de fronts/positions commun(e)s.

La sécurité et la gouvernance mondiale ont été le creuset de nouvelles approches qui permettraient de sortir des habitudes de la diplomatie bilatérale. En effet, aujourd’hui, les BRICS ne parlent pas encore d’une même voix dans les instances de la gouvernance mondiale. Toutefois, au cours du séminaire, il est apparu primordial que les relations Euro-BRICS constituent un axe majeur de la politique étrangère de ces pays, afin de créer le noyau d’une future gouvernance mondiale qui pourra proposer des thèmes d’un agenda d’économie politique qui préserve la diversité culturelle et économique de chaque partenaire. Nous sommes à la croisée des chemins, soit le partenariat Euro-BRICS parle d’une même voix au sein des organisations internationales, soit il initie la création d’un cadre Euro-BRICS multilatéral alternatif à ces organisations internationales : « Si les BRICS parviennent à maintenir le développement de leur puissance économique, ils seront des acteurs majeurs du G20, des participants importants de l’OMC et des partenaires centraux sur la scène internationale. Cela questionne donc leur capacité à fonder ou refonder l’agenda de coopération économique et de développement mondial ».

Un des principaux objectifs à viser pour la future gouvernance est de jouer un rôle de prévision des crises plutôt que de pompier, et en premier lieu la stabilité financière, par l’intermédiaire du G20. Cette stabilité financière doit être un bouclier contre les risques systémiques, permettre une régulation des flux de capitaux internationaux, et faciliter les investissements des capitaux dans les autres pays, en particulier ceux de la Chine.

Concrètement voici quelques pistes à explorer pour faire avancer l’idée d’un partenariat stratégique Euro-BRICS autour de la réforme de la gouvernance mondiale :

Proposition principale : Les Euro-BRICS devraient envisager la tenue de réunions préparatoires à chaque G20, et ce dès le prochain G20 de St Pétersbourg qui présente en outre l’avantage d’être le premier à se tenir hors de la zone d’influence occidentale.

Les domaines dans lesquels un dialogue Euro-BRICS est attendu sont nombreux mais on notera en particulier : . Réforme du système monétaire international . Consolidation du système financier mondial . Réforme du Conseil de Sécurité des Nations Unies (vers un Conseil de Sécurité composé de : Etats-Unis, Europe, Russie, Chine, Brésil, Inde, Afrique du Sud)

Un référentiel politico-diplomatique de coopération Euro-BRICS : une coopération décentralisée

Les possibilités et avantages liées au développement d’axes de coopération entre Euroland et BRICS étant maintenant établis, la question pratique devient : sur quelle base politico-diplomatique asseoir cette coopération ? De prime abord, on bute sur un problème : les BRICS, comme l’Euroland, sont deux fantômes juridiques, sans accord cadre. Alors est-il possible de construire un cadre politico-institutionnel pour une coopération entre deux réseaux qui n’ont pas d’existence légale ?

Ce qui peut sembler un handicap d’un point de vue institutionnel classique n’en est sans doute pas un en ce début de XXI° siècle qui marque une crise des états, des diplomaties, des institutions, etc… Ce qui fait la force des BRICS c’est précisément la légèreté structurelle de leur association qui peut concentrer son énergie sur les objectifs au lieu de devoir se lancer dans la construction de l’édifice institutionnel. A l’heure de l’internet, des vidéo-conférences et des réseaux, c’est le projet qui prime. L’Euroland également, sans existence juridique certes, est le nouveau moteur de la construction européenne, laissant loin derrière elle la pesante machine communautaire de l’UE, empêtrée dans sa comitologie et ses poids de vote. Les participants sont d’ailleurs convenus que l’UE ne devrait pas être le partenaire Euro du partenariat Euro-BRICS sous peine d’introduire des lenteurs incompatibles avec l’urgence d’une partie des problèmes à résoudre.

Le partenariat Euro-BRICS sera à l’image de ses deux parties : moderne, rapide, décentralisé, à géométrie variable, en réseau et orienté projets. Pas question par exemple de lister les pays qui le composent, un liste de critères suffira : BRICS d’un côté et pays de la zone Euro de l’autre : tout dépendra du projet. Pour ce qui est de l’action du partenariat au G20 par exemple, les pays pertinents, outre les BRICS, seront l’Allemagne, la France et l’Italie, ainsi que l’Espagne et les Pays-Bas dans une moindre mesure, soit les 3/5 pays de la zone Euro membres/observateurs du G20. En revanche, pour ce qui est des alliances à constituer à l’OMC, davantage de pays de l’Euroland pourront être associés. Cela dit, il sera souvent plus intéressant de travailler sur la base de quelques pays représentatifs pour identifier plus vite les positions communes et créer des courants d’adhésion à ces positions, plutôt que de mettre trop de monde autour des tables de négociation et de retomber dans les travers de la gouvernance mondiale actuelle.

A ce propos il est intéressant de remarquer que la pertinence de chacun des BRICS n’est pas seulement liée à leur poids économico-démographique : les BRICS sont intéressants en ce sens qu’ils sont représentatifs aussi de leur continent : Brésil et Amérique du Sud, Afrique du Sud et Afrique, Inde et Asie du Sud, Chine et Asie orientale. C’est un peu moins vrai pour la Russie, ce qui confirme son caractère de pont entre les deux entités. Du côté de l’Euroland, le caractère fluctuant du groupe de pays impliqué dans une coopération Euro-BRICS importe peu, l’essentiel étant leur caractère représentatif de l’ensemble du groupe des pays de la zone Euro et leur pertinence par rapport au thème de la coopération.

Le partenariat Euro-BRICS devra se fonder sur des logiques de coopération décentralisée, impliquant peu les structures étatiques ou supra-étatiques mais dépendant des initiatives de chaque métier : réseau Euro-BRICS de chercheurs, d’universitaires, d’entreprises, de journalistes, de diplomates etc… C’est la pertinence de l’axe de coopération Euro-BRICS qui doit générer des initiatives depuis le terrain.

Bien sûr, il y a la question du financement de ces coopérations. Tout d’abord, ces coopérations doivent coûter peu cher : fondées sur les nouvelles technologies, émargeant sur des lignes budgétaires de coopération préexistantes, optimisant une mobilité de fait… L’Euro-BRICS est une orientation de plus de la politique de coopération de chaque structure : organiser un atelier Euro-BRICS dans le cadre d’une conférence internationale, créer un pôle Euro-BRICS du bureau de relations internationales de tel ou telle université,… voilà qui ne nécessite pas de grands frais. Mais pour que cette évolution ait lieu, il faut deux choses : insuffler l’idée de l’axe Euro-BRICS et tenir les promesses de valeur-ajoutée de cet axe.

Si des financements supplémentaires s’imposent malgré tout pour faire vivre un réseau Euro-BRICS, les partenaires de ce réseau peuvent se tourner vers les bailleurs de fonds habituels : commune, région, état, partenaires privés. Là encore, c’est l’intérêt de la démarche qui sera l’atout pour obtenir des subventions.

En dernière instance, mais sans dépendre de cette hypothèse pour commencer à faire vivre un partenariat Euro-BRICS le plus vite possible, un fond de coopération Euro-BRICS pourrait être créé, abondé par les états des deux parties, comme résultante d’un Sommet Euro-BRICS à venir.

Une vraie volonté politique en revanche doit se faire jour. Et c’est la mission que se donnent les participants à ce séminaire : innerver les circuits politico-diplomatiques de cette idée, susciter des rapprochements secteur par secteur, et sur le plan institutionnel pousser en avant l’idée de ces réunions Euro-BRICS préparatoires aux G20, stratégie conçue comme le fer de lance du rapprochement Euro-BRICS.

Recommandations pour les dirigeants de l’Euro-Brics

A l’issue des travaux, les participants ont proposé une liste des sujets à aborder dans les plus brefs délais, et à les promouvoir, soit en utilisant leurs propres réseaux d’influence, soit en effectuant des démarches auprès des ambassades des pays influents du partenariat EURO-BRICS (Allemagne, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, [2] …) :

. Coopération diplomatique : tenue de réunions Euro-BRICS entre diplomates dans les capitales

. Dialogue politique sur les questions de régulation des capitaux dans les pays d’accueil ; sur la base d’une méthode intergouvernementale

. Réforme du conseil de sécurité : vers un conseil de sécurité Chine, États-Unis, Euroland ou UE, Russie, Brésil, Inde, Afrique du Sud ?

. Politiques climatiques et énergétiques : promouvoir les énergies à bas niveau de CO2, adaptation aux climats extrêmes, captation et entreposage de CO2

. Education & capital humain : identifier les domaines de coopération et les possibilités de coordination, fournir un cadre général, évaluer les progrès.

. Etablir un préambule réaffirmant les principes de base (renouvelant les mauvaises connotations Nord/Sud, nouvelles philosophie de cette interaction). Thèmes d’intérêt commun (partir des convergences entre BRICS) : sécuritaire (gestion des crises) ; sécurité alimentaire ; ressources vierges ; énergie, climat et écologie… dans une logique de contribution à la croissance (les BRICS n’accepteront pas les diktats de l’occident dans ce domaine s’ils mettent à mal leur croissance).

. Plateforme d’échange entre représentants de la société civile

. Promotion d’une plateforme multilatérale Euro-BRICS de recherche et innovation

. Promotion des échanges culturels (type Louvres…)

. Prévoir dans le cadre de ce partenariat qu’il serve aussi à prévenir/anticiper les crises (alimentaires, sécuritaires, sociales…). Mettre en place des outils de collaboration dans le domaine scientifique.

. Conversion des questions en suspens dans le cadre bilatéral en questions pour le nouveau cadre multilatéral

. Afrique : vers un dialogue des politiques menées par les acteurs Euro-BRICS dans la région pour créer des synergies et limiter les conflits d’intérêt

. Réforme du FMI, du Cycle de Doha ; exportation de technologies

. Passage vers l’avenir : reconstruction d’un système financier mondial plus protecteur et préventif.

B. Paul, M. Timmermans, B. de Sonis, M-H Caillol

PROGRAMME ET PARTICIPANTS

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