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GlobalEurope 2040 – L’Europe et le monde: Un multilatéralisme à repenser, par Jordi Lafon

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Dans un monde difficile à lire pour de nombreux commentateurs et acteurs, qu’attendre de l’Europe, de l’Union européenne et des pays qui la composent?

Les modèles politiques nées en Europe ont souvent influencé le reste du monde, que ce soit par le biais d’une influence subie issue de la colonisation ou par une inspiration positive puisée dans la formulation de valeurs universelles. Dans la deuxième moitié du XXe siècle la construction d’une communauté des Etats européens a représenté l’espoir de voir se concrétiser un projet politique inédit capable de porter à nouveau le continent sur le devant de la scène internationale et de représenter une inspiration pour d’autres Etats. Et de fait, le modèle d’intégration régionale a insufflé pendant quelques décennies l’idée d’initiatives de même ordre en divers points de la planète : MERCOSUR, Union Africaine, ASEAN, etc…

Mais les difficultés croissantes de l’expérience européenne, butant sur l’étape de « politisation » du niveau supranational, font vaciller la belle innovation.  Parmi les erreurs commises par les Etats membres on peut en compter trois irrémédiables : manque d’unité, nivellement par le bas et absence d’indépendance.

Le manque d’unité entre des Etats membres – à la fois trop nombreux et toujours maîtres d’un jeu ayant échoué à se repositionner sur une légitimité démocratique commune européenne, a privé l’UE d’une voix sur la scène internationale, l’empêchant de défendre des positions fortes sur les grands enjeux internationaux, tant économiques que diplomatiques ou sécuritaires.

La recherche d’une concurrence pure et parfaite dans le but d’instaurer un marché parfait a opéré une concurrence au sein même du continent qui a abouti à un nivellement par le bas des normes (sociales, environnementales, sanitaires etc.).

Et la trop grande dépendance envers l’allié américain a empêché le continent de se faire une place à part entière sur la scène mondiale.

Cette situation a rendu le vieux continent inexistant sur les grands dossiers internationaux. Incapable de s’affirmer et de donner naissance à un géant technologique alors même que nombre de ressortissants européens ont joué un rôle majeur dans les avancées technologiques des GAFAM. Sur la question de l’environnement, l’accord de Paris a fait grand bruit, l’image des chefs d’Etat du monde s’auto-congratulant en une grande standing ovation a fait le tour des télévisions du monde, mais on sait déjà que l’immense majorité des engagement ne seront pas respectés. Domaine intrinsèquement lié à l’environnement, l’UE n’a pas su inaugurer un modèle économique original capable de répondre aux enjeux du XXIe siècle et de protéger contre les crises et lacunes du système actuel.

Sur les dossiers humanitaires et militaires de ces dernières années, l’Europe n’a pas été plus présente. Totalement absente de la tragédie syrienne, elle subit la crise migratoire en réagissant toujours trop tard et toujours de manière insuffisante. Plus récemment, l’affrontement entre l’Inde et le Pakistan nécessiterait, selon certaines opinions, l’intervention d’un tiers pour amener à la table des négociations les deux parties. Mais là non plus, pas de traces de l’UE qui serait pourtant parfaitement adaptée à ce genre de mission… si elle avait latitude.

La méthode à l’œuvre derrière ces constats d’échec, c’est le multilatéralisme, qui signe ici un double-échec : un échec au niveau du continent européen, entre les nations qui la composent, et au niveau international dans les relations avec les autres Etats.

L’échec du multilatéralisme et de son ancrage dans les réalités humaines et géopolitiques mutantes aboutit depuis quelques années à un retour au niveau national, seul moyen de revenir au politique. Cette tendance comporte dangers et espoirs. L’espoir de relancer des dynamiques d’adaptation des systèmes aux nouvelles réalités évoquées plus haut. Mais aussi le danger de retomber dans les travers du siècle précédent, les confrontations armées.  C’est bien ce deuxième écueil que la réinvention d’un nouveau multilatéralisme repassant au moins temporairement sous la responsabilité des Etats doit éviter.

Fort de ses échecs et défauts passés, le prochain multilatéralisme européen doit réaffirmer démocratie, indépendance et exemplarité. C’est en démontrant l’efficacité de la méthode appliquée à son continent qu’il pourra inspirer le reste du monde dans son adoption, permettant de ressortir de cette période de résurgence des projets de gouvernance mondiale mono-étatiques (américain en particulier), et validant la compatibilité entre ancrage politique et efficacité des gouvernances supra-nationales.

Fort de ces qualités, l’Europe pourrait revenir sur la scène internationale, sur des principes non pas de force mais d’influence, et redevenir un médiateur idéal des crises et un moteur du progrès humain.

Cet article a été rédigé dans le cadre de la tenue du 2nd webinaire « Projet Europe 2040 » le  28 février 2019 sur le thème : « Global Europe : Quelle Europe dans le monde ? L’Europe dans quel monde ?« . Intéressé à rejoindre ce groupe de réflexion ? Contactez info@leap2020.net

Jordi Lafon est coordinateur du projet Europe 2040 de LEAP

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