Avocats : c’est quand le bonheur ?

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Un mandat au Conseil de l’Ordre consiste pour nous à s’engager en faveur des confrères et consœurs traversant des moments difficiles dans leur carrière et en faveur des membres du barreau qui se trouvent en situation de précarité. Ce n’est ni plus ni moins que la déclinaison de notre serment au service de tous : s’engager avec humanité à faire preuve de solidarité.

Être avocat, c’est apprendre tous les jours, vivre des audiences passionnantes, faire des rencontres inspirantes, s’enthousiasmer. C’est aussi, bien sûr, travailler dur et tard, se remettre régulièrement en question, souffrir de déceptions et autres frustrations, se sentir parfois très seul. La conjoncture économique n’est pas réjouissante pour certains d’entre nous : des cabinets souffrent d’une baisse du nombre de leurs clients, de la faible rémunération des missions à l’aide juridictionnelle, des difficultés rencontrées par leurs clients pour payer leurs honoraires. L’accumulation de déconvenues professionnelles peut parfois venir gripper la mécanique : problèmes financiers, psychologiques, fragilisation progressive de la vie personnelle et familiale le conduisant à l’isolement.

La souffrance au travail se confronte alors à la vocation et à l’engagement.

Cette confrontation est violente. Elle remet en cause un projet de vie, une ambition constante, une implication sans faille, des heures de travail, de stress, de soirées annulées, de passions mises de côté. La déception conduit au mieux à la fuite[1]ce qu’a pu révéler par exemple la réunion des avocats qui ont quitté la profession organisée par le Barreau de PARIS le 14 octobre, ou au pire à la chute[2].

À l’Ordre du nouveau

Face à ce constat, nous ne pouvons nous résoudre au silence, à l’inaction. Nous ne pouvons accepter que les difficultés de nos Consoeurs et Confrères restent sans réponse.

Un travail conséquent a été initié ces quinze dernières années[3]. Notamment, en 2003, le Bâtonnier Paul-Albert IWEINS faisait réaliser une enquête qu’il annonçait dans le bulletin du Barreau aux termes d’un éditorial intitulé « sous le strass, le stress ». Cette étude a permis de démontrer que 51 % des avocats pouvaient être considérés comme présentant une souffrance psychologique significative. Ces résultats ont été confirmés par le RSI en 2008, qui a lui-même procédé à une étude similaire. Le CNB s’est également attelé à la tâche en 2011, conformément à sa résolution du 8 mai 2010.

Plus récemment, certains articles de presse se sont fait l’écho des souffrances professionnelles des avocats. Des avocats sont aussi sortis du silence en témoignant de leur expérience du burn[4], bore ou brown-out[5].

L’UJA de PARIS s’est intéressée de près à ces problématiques, au travers de :

  • un rapport complet intitulé « Avocat et psychologie »[6],
  • ses travaux techniques sur le harcèlement, la discrimination, la collaboration,
  • son investissement de proximité au sein de son service SOS COLLABORATEURS[7],
  • son engagement institutionnel, en particulier auprès de l’Ordre et du CNB,
  • des publications portant sur la notion de « temps » par exemple,
  • l’instauration de nombreuses soirées et formations gratuites favorisant le dialogue et le rapprochement entre avocats[8].

Des solutions ont également été apportées par l’Ordre, qui a mis en place un « numéro bleu », permettant à tout avocat en difficulté de s’adresser à un service indépendant en cas de détresse, en préservant son anonymat. Même s’il est peu connu, il existe également un service qui, saisi en amont, permet de prévenir les problématiques sociales et financières. Il s’agit du service économique et social – ex-commission sociale – récemment réformé par la Bâtonnière et le vice-Bâtonnier en exercice. En outre, diverses commissions permettent de rétablir le dialogue et de trouver une solution aux différends : il s’agit notamment de la jeune mais très pertinente COMHADIS[9], des commissions DEC[10] et SDR[11] mais encore de la commission déontologie pour ne citer qu’elles.

Pour l’Ordre, le renouveau

Tout cela est-il suffisant ? De nombreux.ses Consoeurs et Confrères se sentent insuffisamment écoutés, considèrent que l’Ordre est bien éloigné de leurs souffrances et craintes quotidiennes.

Notre engagement concret et continu depuis près d’une décennie au sein de l’UJA de PARIS nous a permis d’être au plus proche de certaines difficultés de nos Confrères, que ce soit dans le cadre de commissions de travail ou dans le cadre de la défense bénévole des avocats.

Nous mettrons cette expérience au bénéfice de tous.

Il nous paraît naturellement nécessaire de consolider l’existant.

Il faut aussi que l’Ordre soit à l’écoute des avocats et adapte ses services à leurs besoins.

Au-delà du remède institutionnel, il faut penser au remède humain.

Le dialogue réinstallé ne pourra que permettre de réaliser que nous ne sommes ni seuls, ni isolés. Les expériences des uns et des autres peuvent, à tous les stades d’une difficulté, apporter un début de solution pour prévenir, guérir, amortir, inspirer – autrement dit favoriser une certaine forme de bien-être et d’accomplissement professionnel.

L’Ordre, les associations, les avocats individuellement, doivent recréer du lien au sein de notre grand Barreau qui parfois se morcèle, alors que la solidarité – dont on sait qu’elle a fait ses preuves de mémoire d’UJA –  est le meilleur moyen de vivre sa vocation sans souffrir de son travail.

Nous nous engageons à y veiller.

[1] Voir l’article de SLATE : http://www.slate.fr/story/160321/emploi-avocats-barreau-droit-salaire-concurrence-reconversion-professionnelle-entreprise

[2] Un témoignage de notre Confrère Eolas sur le sujet : https://www.maitre-eolas.fr/post/2005/08/24/177-le-travail-cest-la-sante

[3] Merci à notre formidable Confrère de l’UJA de la MARTINIQUE Philippe H. Placide : https://blogavocat.fr/space/philippe.placide/content/avocat-et-stress—prendre-la-mesure-de-la-realite_07f3db52-f83c-486f-b3ea-ce19693a97f6

[4] Burn, bore, brown out : surmenage, ennui ou perte de sens au travail (vulgarisation)

[5] Voir à ce sujet la conférence organisée par le Groupe Catholique du Palais de Justice de PARIS le 21 septembre 2017

[6] Karine Mignon-Louvet, invitée permanente de l’UJA de PARIS : http://www.uja.fr/2017/01/26/avocat-et-psychologie/

[7] SOS Collaborateurs, infos pratiques : http://www.uja.fr/uja-vous-accompagne/

[8] Un jeudi par mois au moins

[9] Commission harcèlement discrimination

[10] Commission difficulté d’exercice en collaboration

[11] Commission salariés, demandes de requalification

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