En plein débat sur la réforme des retraites, les bonnes nouvelles sur le front, crucial, de l'emploi des seniors sont assez rares pour être appréciées. Une fois de plus, c'est du marché des cadres que vient l'agréable surprise : selon une étude publiée hier par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), les cols blancs de plus de cinquante ans ont pris conscience de la nécessité d'allonger leur vie professionnelle. " Ils ont compris que les taux de remplacement ne leur laissaient plus le choix. " En 2003, seuls quatre cadres sur dix étaient encore en activité quand ils faisaient valoir leurs droits à la retraite. Désormais, ils sont plus de six sur dix. " Ce chiffre va naturellement continuer à progresser en raison de la suppression des dispositifs de préretraite. Le problème se règle tout seul ", en conclut l'Apec, qui invite le gouvernement à " ne pas sortir l'artillerie lourde ". " Pour les cadres seniors, raccourcir la durée d'indemnisation serait grave ", souligne l'Apec. " Toutes les mesures qui fragiliseraient économiquement des personnes qui ont besoin de temps pour se restructurer ne sont pas les bienvenues ", renchérit Jacky Chatelain, directeur général de l'Apec, qui concède toutefois que la suppression de la dispense de recherche d'emploi des plus de cinquante-sept ans et demi serait " une incitation supplémentaire à rester dans le coup ".

Certes, le taux de chômage des seniors (6,4 %) reste plus élevé que celui de leurs cadets (2,9 % chez les 30-49 ans, 1,6 % chez les moins de 30 ans) mais, contrairement aux idées reçues, ils ne sont pas plus souvent licenciés : les plus de cinquante ans représentent 29 % des cadres et 30 % des licenciements. " Il est faux de dire que les entreprises règlent leurs problèmes économiques en licenciant les seniors ", martèle l'Apec, pour laquelle " il n'y a pas de problématique senior à proprement parler ".

De légers progrès
Si l'étude confirme les efforts fournis par les entreprises en termes de maintien dans l'emploi, elle rappelle pourtant le mal qui frappe réellement les seniors : une plus grande difficulté à retrouver un emploi pour ceux qui ont perdu le leur. Même si des progrès sont à noter pour les 50-54 ans, " la vitesse de retour à l'emploi reste très liée à l'âge ". Seuls 40 % des seniors retrouvent un emploi en moins d'un an, contre 70 % de l'ensemble de la population cadre.

De légers progrès apparaissent toutefois. Entre 2001 et 2007, le volume des recrutements de cadres seniors a quasiment doublé, progressant ainsi à un rythme plus rapide que celui de l'ensemble du marché. Mais les volumes concernés restent faibles : 12.700 recrutements en 2007, soit 6 % du total des embauches. Et retrouver le chemin de l'entreprise se paie au prix fort : dans 30 % des cas, l'emploi est précaire (CDD, intérim) ; les deux tiers du temps, il s'accompagne d'une baisse de rémunération et, quatre fois sur dix, d'une perte de responsabilités, voire du statut de cadre.